3 ans d'essais suivis au potager
Après avoir entendu tout et son contraire sur les fameux BRF (bois raméaux fragmentés)
(1), les jardiniers de Terre Vivante ont testé leur intérêt au potager
pendant trois ans, sur une parcelle divisée en trois planches. Deux
planches ont reçu 7cm de BRF
à l’automne et celui-ci a été enfoui superficiellement au printemps. La
troisième parcelle, servant de témoin, a reçu environ 30 kg pour 10m2 de compost et un paillage pour l’été.
Sur les deux planches qui ont reçu des
BRF, une n’a pas été arrosée pendant toute la période de culture alors
que l’autre recevait un arrosage au goutte-à-goutte similaire à la planche témoin.
Les trois parcelles ont été cultivées de manière identique durant 3 ans.
Chaque année, la vigueur et la production de légumes des différentes planches ont été comparées.
Faim d’azote les premiers mois
La dégradation de matériaux très riches en carbone au potager provoque généralement un phénomène appelé « faim d’azote »
: les champignons du sol prélèvent pour cela de l’azote dans le sol et
il n’est plus disponible pour les cultures, ce qui se traduit par une
moindre vigueur et un feuillage moins vert.
Cette faim d’azote a été observée la
première année durant les premiers mois de culture (graphique 1). Mais
au mois d’août, les plants de maïs, de tournesol et de tomate poussant dans les planches de BRF avaient rattrapé leur retard et dépassaient même ceux du témoin (graphique 2).
Par contre, la faim d’azote peut être préjudiciable pour des cultures gourmandes à croissance rapide (salades, épinards, haricots…). C’est ce qui a été constaté sur les salades, qui sont restées plus petites que sur le témoin.
BRF : mieux que le compost
Année 2
Les parcelles avec BRF ont globalement
rattrapé la parcelle témoin en début d’été, après une croissance plus
lente au printemps. Mais avec un été très sec, la parcelle sans arrosage
a donné de plus mauvais résultats sur toutes les cultures tandis que
les parcelles témoin et BRF arrosé ont donné des résultats similaires.
La différence la plus nette concerne les salades, plus productives sur
le témoin avec compost.
Année 3
Nous avons pu vérifier que l’effet fertilisant des BRF se prolonge sur trois ans
(sans nouvel apport) : la parcelle avec BRF et arrosage a produit
presque trois fois plus de tomates que le témoin avec compost et le BRF
sans arrosage est au même niveau que le témoin. .
Cette plus forte productivité peut avoir pour origine l’augmentation de la vie du sol : des vers de terre,
qui lui donnent une structure plus aérée, mais aussi des bactéries et
champignons qui augmentent la quantité d’éléments minéraux disponibles
pour les plantes.
Limiter l’arrosage
Par contre, l’utilisation des BRF pour limiter le désherbage
est décevante. En effet, sur les trois années de culture, la quantité
de mauvaises herbes récoltées a été plus élevée sur les planches BRF que
sur la planche témoin. Un bon paillage est plus efficace.
Autre leçon de cet essai : le BRF permet de limiter de manière importante les apports en eau, grâce à la grande quantité d’humus qu’il apporte au sol.
(1) jeunes rameaux de feuillus
fraîchement broyés et épandus sur le sol à l’automne, technique mise au
point par un chercheur canadien, Gilles Lemieux.
Pascal Aspe, jardinier en
chef de Terre vivante et Antoine Bosse-Platière, rédacteur aux 4 Saisons
du jardin bio et responsable des expérimentations.
Crédit photos : A. Bosse-Platière – Terre vivante
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